De l'ultra trail à l'ultra confinement ... vivement le "match retour".
Le 22 mars, ouverture des inscriptions au Tor des Géants pour les dossards solidaires.
Cela fait des mois que je suis prêt, que je visualise ce moment : ma connexion au site … je clique sur « validez votre inscription » et je reçois un message de confirmation de mon inscription… ça y est j’ai mon dossard…
Et, bien ça, c’était dans mes rêves, car le 22 mars, ça fait déjà 5 jours que nous sommes en confinement : BFM TV et ses consœurs tournent en boucle et puis les courses s’annulent les unes après les autres.
Nous avions prévu d’aller à Madère en famille, pour inviter cette ile qui a l’air magnifique, mais aussi pour y courir, avec ma femme, un ultra trail (le fameux « MIUT » pour les intimes). Forcément, cette course est annulée et notre voyage aussi. SNIFF !
Alors, le 22 mars, je décide de ne pas m’inscrire pour le moment au « Tor des Géants » tant que la situation ne s’est pas arrangée !
D'abord parce que je ne suis pas sûr que la course va avoir lieu même si septembre paraît quand même assez éloigné … mais aussi, et surtout, parce que je n’ai pas la tête à ça, tout simplement.
Alors, je fais le strict minimum, niveau préparation physique et entrainement, mais je lis !
Niveau entrainement, pas grand-chose à se mettre sous la plante des pieds : 2 à 3 sorties d’une heure par semaine à tourner en boucle dans les champs autour de ma maison et 30’ à 1 heure de yoga par jour.
L’ultra confinement, c’est plutôt l’ultra temps passé en famille à faire des choses que finalement nous ne prenions plus le temps de faire : tournoi de ping-pong, jardinage, partage de nos films cultes (« the big lebowsky », « Top secret », « le sens de la vie », « O’Brother » à titre d’exemples) …
Quand, d’habitude, on ne voit 2 de ses 3 enfants que le weekend, c’est finalement « sympa » de se voir maintenant toute la semaine… Je suis comme ça, j’essaie toujours de voir le côté positif d’une situation…
Alors si je ne vais que peu courir, je vais lire « course », avec pour commencer : « No Limit » d’Eric Orton et « De mon canapé à la course à pied la plus dure au monde » de Grégoire Chevignard.
Ce dernier ouvrage ayant un titre convenant finalement bien à ma situation du moment.
- « No Limit » - Eric Orton :
Tout d’abord, mais qui est donc Eric Orton ?
Eric Orton c’est le coach qui a entraîné Christopher Mc Dougall.
Alors, vous allez me dire : « mais, qui est donc Christopher Mc Dougall ? »
Christopher Mc Dougall, c’est le journaliste qui a participé au premier ultra trail organisé au Mexique dans les Copper Canyons … ultra trail rassemblant les meilleurs coureurs américains et les coureurs de la tribu mexicaine des Tarahumara.
Et là, forcément, vous allez me dire : « mais qui sont donc les Tarahumara ? »
Les Tarahumara, c’est une tribu qui possède la caractéristique de courir chaque jour des distances incroyables, à vive allure et avec une impressionnante dextérité, en simples sandales de cuir (ou huaraches comme on les appelle). Courir fait partie intégrante de leurs traditions et de leurs jeux.
Donc Christopher nous relate, dans « Born to run », une expérience et un récit incroyables. Ce bouquin est devenu culte car vantant et popularisant la « course pieds nus » et le minimalisme.
Alors, comme je ne vais pas parler de « Born to run » mais de « no limit », je vais quand même arrêter de vous parler de Christopher Mc Dougall …
Je vous en ai parlé car Christopher était « perdu » pour la course à pied mais sa rencontre avec Eric Orton lui a permis de changer complètement sa façon de courir et de se préparer à courir un ultra trail sur le terrain très technique des Copper Canyons.
Bref, lire « Born to run » vous fait rêver et vous persuade qu’il faut changer votre façon de courir pour qu’elle devienne la plus naturelle possible.
Lire « No limit » vous donne, en revanche, les clés pour pouvoir courir différemment.
C’est ça que j’ai aimé dans ce livre, largement moins connu que « Born to run » !
C’est un livre où Eric nous distille tous ses conseils, nous donne des exercices pratiques et des plans d’entraînements :
« Comment renforcer ses pieds, ses jambes et se gainer spécifiquement pour la course à pieds. »
« Comment améliorer sa foulée & optimiser son rendement énergétique »
« Comment s’entraîner pour apprendre à son corps à courir très longtemps »
« Comment renforcer son mental grâce à une vraie approche mentale de l’épreuve…avant, pendant et après ».
Alors « No limit » ne pourrait être qu’un « nième » livre pour apprendre à mieux courir.
Certes, les exercices proposés par Eric sont assez novateurs et permettent, donc, de renouveler les exercices que nous avons l’habitude de faire et qui commencent à nous ennuyer.
Mais la vraie originalité de ce livre vient du fait qu’Eric Orton mélange le « comment », la partie très pratique (comme vu ci-dessus), avec une explication très pédagogique du « pourquoi » tout en illustrant ses propos en nous faisant vivre une semaine d’entrainement avec lui à « Jackson Hole » dans les montagnes du Wyoming.
J’ai lu ce livre et ai eu l’impression de courir avec Eric dans ses montagnes pour découvrir de nouvelles techniques et une façon plus optimum de m’entraîner.
Et franchement, 1 semaine de stage « course à pied » au Wyoming pour 25 €, le prix du livre, c’est du jamais vu en rapport « qualité / prix ».
Et puis, j’ai aussi particulièrement aimé les exercices de renforcement des pieds (voutes plantaires et chevilles) ainsi que les exercices de gainage avec swiss-ball. Je trouve ces exos originaux et surtout super efficaces.
Enfin, à l’approche d’une course « hors normes », j’ai dévoré la partie sur la préparation mentale des épreuves (« performance = conscience ») pour dépasser ses propres barrières mentales.
Et bonne nouvelle, je me suis rendu compte que, tel monsieur Jourdain, je faisais déjà de la prépa mentale sans le savoir : mantra (« force et honneur l’indestructible »), geste rituel (« taper deux fois du poing sur mon cœur »), visualisation … et oui je suis souvent dans mon monde, à imaginer et visualiser ma future course !
- « De mon canapé à la course à pied la plus dure du monde » - Grégoire Chevignard :
Pourquoi vous parler de ce livre au titre très vendeur.
Pour 2 raisons.
D’abord, parce qu’il est écrit par Grégoire Chevignard (c’est son 1er livre).
Alors, vous allez me dire : « mais, qui est donc Grégoire Chevignard ? » 😊
C’est l’auteur qui a écrit le seul livre sur le Tor des Géants (« Tor des Géants, trail ultime ») … livre que j’ai forcément déjà lu et dont je ne vous parlerai pas puisque justement ce blog vise à vous parler de cette course … avant, pendant et après.
La seconde raison pour vous parler de ce livre, c’est que c’est mon cadeau de Saint Valentin … ce qui veut dire que ma femme est derrière moi dans cette aventure.
Je dis bien « derrière » moi dans cette aventure et pas « avec » moi, car cette fois, contrairement à la diagonale des fous et l’UTMB, elle n’a malheureusement pas été tirée au sort et n’a donc pas de dossard …
Après, si vous connaissez des entreprises prêtes à lui donner 2000 € pour pouvoir courir avec un dossard solidaire, elle prend car, pour le moment, elle a fait « choux blanc » !
C’est important de parler de ça, car, pour pouvoir courir et réussir ce type d’épreuve, il est primordial d’avoir sa famille derrière soi, car l’avant course et la course elle-même imposent, quand même, de sacrées contraintes à l’ensemble de la famille.
Si ce sont bien 2 bonnes raisons pour vous parler de ce livre, il y en a évidemment une troisième :
Ce livre, c’est l’histoire d’un homme normal, qui suite à un défi, se met à courir, passe d’un 10 km à un marathon (la première année) pour, en seconde année faire son premier ultra trail et finir le « marathon des sables » (course à étapes de 250 km en 6 jours, en auto-suffisance dans le désert).
Ce livre est donc l’histoire d’un homme qui n’aime pas courir et qui, en un claquement de doigts, devient un accroc du running … le tout, avec une approche mentale que j’affectionne : ne pas se poser de barrière, ne pas se soucier du regard des autres, prendre les courses l’une après l’autre en essayant, à chaque fois, de repousser encore un peu plus le curseur… histoire de vivre une expérience encore plus riche et de savoir aussi de quoi nous sommes faits.
Et en plus, ce cher Grégoire a une belle plume. Il se moque des « us et coutumes » des coureurs du dimanche que nous sommes (que nous restons finalement même si les distances se sont rallongées depuis nos premiers marathons). C’est vrai que souvent les coureurs ne sont pas très loin de devenir leur propre caricature avec leurs problèmes existentiels sur leur alimentation, leurs chaussures « dernier cri », leurs vêtements « qui font courir vite » de plus en plus techniques et de plus en plus chers, leurs montres high tech qui mesurent tout ce qui est possible de mesurer…
Il y a un côté un peu ridicule dans tout ça … et en avoir conscience c’est déjà faire un grand pas pour les hommes que nous sommes … bon pour l’humanité, cela reste du piétinement !
Grégoire a aussi un regard quand même assez décalé sur les épreuves un peu « hors normes » (ultra trail, marathon des sables, Tor des géants et plus si affinités) et sa propre performance.
Bref, il est drôle et manie bien l’auto-dérision, ce qui change des récits de course habituels (je suis le plus fort, le plus beau, je me suis dépassé et j’ai accompli un exploit).
Donc, ce livre est plaisant à lire, apporte pleins de détails principalement sur la préparation à un marathon classique et au marathon des sables, permet aussi d’avoir de précieux enseignements sur le marathon des sables, la course en elle-même (inscription, déroulé et enchaînement des épreuves, bivouac, alimentation & hydratation, etc …).
Et puis, surtout, il apporte cette certitude que tout est possible, y compris l’échec, mais pas que …
Alors osons rêver les yeux grands ouverts, les jambes endolories et les pieds pleins d’ampoules !
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