Pourquoi ? ... pour la beauté du "why-age" !
A « TOR ou à raison"
« Pourquoi tu cours ? »
« Après quoi ? »
« C’est quoi ton problème ? »
« La montagne en courant ? Mais du coup tu n’as pas le temps de regarder, c’est nul ! »
« Et courir la nuit, je n’en parle même pas, c’est quoi l’intérêt ? »
…
Je ne sais pas si je vais vous apporter les réponses à ces questions.
Je ne sais même pas si écrire ce post va me permettre de trouver les réponses à ces questions.
Ce que je sais, c’est que le 26 novembre 2019 mon esprit s’est illuminé, mon souffle s’est accéléré et que, jusqu’au 13 septembre 2020, jour du départ du Tor des Géants, je ne penserai quasiment qu’à cette course.
Que s’est-il passé le 26 novembre 2019… et bien j’ai cliqué sur le bouton « Envoyer » de ma messagerie Outlook et j’ai soumis « officiellement » ma candidature à un appel à projet sportif de l’entreprise dans laquelle je travaille. A la clé de cet appel à projets : 1000 € de subventions pour chacun des 8 projets retenus, projets devant combiner « dépassement de soi » et « vocation environnementale ou caritative ».
Cet envoi, à « TOR » ou à raison, est le fruit d’une réflexion de 2 mois : que faire après avoir enchaîné la Diagonale des fous (1) et l’Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB)(2) en 11 mois ?
Certes des belles courses, il y en a pléthore, mais des courses qui t’excitent autant qu’elles te font peur, il n’y en a plus beaucoup.
Des courses qui s’implantent dans ta tête pour ne plus la quitter …
Des courses qui te font lire tout un tas de livres sur le dépassement de soi, l’alimentation pour les efforts très/très longs, l’autohypnose pour le sportif …
Des courses dans lesquelles tu avanceras dans l’inconnu …
« En suis-je capable ?
Que va-t-il se passer du 171eme km (la distance de l’UTMB) jusqu’au 330eme (la distance du Tor) ?
Que va-t-il se passer de la 58ème heure de course (temps que j’ai mis pour boucler la diagonale des fous à la Réunion) à la 150ème heures (temps limite qui devrait être le mien si je finis le Tor) ? »
Des courses, comme cela, j’ai beau prendre le sujet dans tous les sens, je n’en vois qu’une.
Elle s’appelle le « TOR des Géants » : 356 km pour 27 000 m de dénivelé positif, faire le tour de la vallée d’AOSTE, en passant au pied des « Géants » des Alpes. Franchir 25 cols à plus de 2000 mètres avec un point culminant à 3 300 mètres.
Faire le tour de la vallée d’Aoste pour faire enfin le tour de soi-même.
Même moi, au moment où je prends ma décision, je ne me rends pas compte de ce que cela peut représenter en terme d’engagement mental, de ce que cela peut représenter pour mon physique un peu abimé de sportif épicurien « touche à tout ».
Un dénivelé équivalent à 3.5 fois l’ascension et la descente de l’Everest.
Une distance équivalente à l’enchainement de la « Diagonale des fous » et de l’« UTMB », à laquelle rajouter une montée et descente de l’Everest pour arriver au bon dénivelé.
Les mensurations de cette course me font presque sourire tant elles me semblent surréalistes. C’est du grand n’importe quoi !
Que dirait, de ce projet, le chirurgien qui m’a déconseillé, il y a 6 ans, la pratique de ce sport du fait de la rupture du ligament croisé antérieur de mon genou gauche ?
Lucide, ce professionnel avait toutefois rajouté : « c’est ce que je vous conseille, après je sais bien que vous ferez ce que vous voudrez ».
Et bien moi, j’ai envie de ce moment où je vais me retrouver seul avec moi-même dans des paysages magnifiques, inspirants.
J’ai envie de ce moment où je vais ne pouvoir compter que sur moi-même, tout en continuant à avancer grâce à l’entraide et la solidarité entre coureurs.
J’ai envie de voir jusqu’où mon mental peut me pousser.
J’ai envie de voir ce qu’il y au-delà de mes limites physiques et mentales.
Peut-être, n’arriverais-je pas à boucler ce tour de Courmayeur à Courmayeur, mais l’essentiel n’est pas là.
« Qu’importe le but, ce qui compte c’est le chemin », qu’il disait !
Se présenter au départ, prêt à en découdre, avec l’envie de se dépasser et d’aller jusqu’au bout de soi-même, c’est déjà s’attribuer une grande part de réussite dans ce projet …
Préparer et vivre une aventure comme celle-là n’est-ce pas en quelque sorte une parabole de la vie ?
Que l’on soit sur un sentier de haute montagne autour de la vallée d’Aoste, que l’on décide de lancer sa start-up, que l’on désire vivre un autre projet personnel ou professionnel, les clés de la réussite semblent être les mêmes : passion, détermination, persévérance, prise de risques, oser entreprendre même si l’échec est possible et puis apprendre constamment, notamment de ses échecs, pour rectifier le tir (« pivoter » pour reprendre un terme à la mode).
Et je rajouterai deux autres ingrédients qui me semblent indispensables pour rendre ce plat plus digeste :
- Bien se connaître pour pouvoir capitaliser au maximum sur ses points forts, mais aussi pour mieux anticiper ses « coups de mou ».
- Ne pas s’isoler, bien s’entourer et interagir constamment avec son environnement : sa famille, sans qui rien ne serait possible, ses amis, ses collègues, les autres coureurs.
Ce sport a beau être un sport individuel, le partage me semble essentiel.
Voilà pourquoi, alors que je vais m’élancer dans cette aventure « extraordinaire » pour moi, eu égard à mes modestes capacités physiques, j’ai envie de prendre du recul sur ce que vont être les « drivers » de réussite ou non sur cette course.
J’ai aussi envie de partager tout cela avec vous.
Et enfin, comme j’ai pu le faire à la Diagonale des fous en courant déjà avec un dossard solidaire, il m’importe de rendre cette course utile aux autres, en courant en faveur de 2 associations.
Porter et incarner un message porteur d’espoir pour ces enfants malades ou ces femmes qu’on empêche de vivre normalement : « avoir des rêves, croire en soi et se dire que tout est possible, ne rien lâcher quand on est au plus mal en se disant que cela va repartir, s’entraider pour surmonter les obstacles ».
Cà, c’est un projet qui m’inspire.
Alors, pourquoi être raisonnable ?
« La ténacité peut avoir raison de la raison elle-même » - Paul Carvel
Et je rajouterai : pas de ténacité sans passion.